1825 2025 Bicentenaire de la naissance du premier atelier lithographique auvergnat
Bourbonnais d’origine, François Thibaud, ayant succédé à son beau-père Pierre Landriot en 1821 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et obtenu un brevet de lithographe en 1824, crée, en janvier 1825 dans la capitale auvergnate, le premier atelier régional de lithographie.
Né à Moulins (Allier) le 9 août 1777, François Thibaud travaille avec son père, imprimeur dans la capitale bourbonnaise, avant de se mettre à son compte dans la même ville jusqu’à l’appel pour servir la République sous les drapeaux au cours de l’année 1798[1]. Blessé lors de la campagne d'Allemagne et d'Autriche, il retourne an Auvergne où François Thibaud épouse en février 1805 Jeanne Anne Landriot, fille de Pierre Landriot[2], imprimeur à Riom, rue des Taules, ainsi qu’à Clermont-Ferrand depuis fin 1804. L’année suivante, François prend la place, à Riom, de son beau-père parti pour Clermont-Ferrand ; son brevet d'imprimeur en lettres pour Riom est régularisé le 8 octobre 1814.
À la demande de Pierre Landriot[3] en 1816, François et Jeanne Thibaud résident chez ce dernier, au 8 et 10 de la rue Saint-Genès à Clermont, et François continue d’exercer à Riom. Ayant obtenu ses brevets de libraire et d'imprimeur en lettres le 21 mai 1821 pour Clermont, François cède son imprimerie de Riom à un Laurent Thibaud (1821), puis, plus tardivement à son fils Pierre-Jean dit Émile Thibaud[4] (juin 1832).
Le 13 juillet 1824 François Thibaud obtient son brevet de lithographe[5]. Il fait venir le peintre lithographe parisien François Nicolas Delorieux dit Alfred Delorieux (Paris, 17 février 1791 † Clermont-Ferrand, 21 février 1869[6]) pour diriger son atelier.
Ainsi, Thibaud-Landriot peut annoncer fièrement dans sa publication, Le Journal du Puy-de-Dôme, du 18 janvier 1825 « [qu’il] vient de mettre à la tête de la nouvelle entreprise un dessinateur distingué de la capitale […] M. Delorieux […] [qui] a débuté, à Clermont, par le portrait de Charles X ».
Chabrol note que « lithographies [de Delorieux] tirées chez Thibaud-Landriot sont généralement caractérisées par un grain particulièrement grossier ». Impression, tirage et ventes non satisfaisant, Delorieux et Thibaud-Landriot se séparent. Delorieux s’installe au 15 de la place Saint-Hérem après avoir obtenu un brevet de lithographe le 14 février 1829. Delorieux confie ses travaux à d’autres imprimeurs (parisiens : Mme Fontille-Roux, Gihaut FRERES, … ; ou auvergnats : Gilberton ou Paris-Beaulieu à Clermont, P.-A. Desrosiers[7] à Moulins, …) et obtient un poste à l’école communale professionnelle de Clermont où il enseigne le lavis et l’aquarelle pour le portrait et le paysage[8]. Parmi ses élèves, signalons le dessinateur lithographe Marc Alexeline[9]. Le 9 juin 1832, Delorieux cède son brevet de lithographe à l’imprimeur en lettres Auguste Veysset[10].
L’activité lithographique de Thibaud-Landriot se poursuit avec l’impression de sujets régionaux (portraits et paysages) et surtout dans l’illustration d’ouvrages d’érudits locaux ou de sociétés savantes locales fort de sa position dominante sur l’imprimerie clermontoise.
Thibaud-Landriot a employé nombre de lithographes : Félix Bonhomme[11], Alphonse Chamoin, Delorieux, Ulysse Denis, Devaureix, Paul Girardet, A. Lahanier, Adam Pilinski[12], Pierre-Jean Thibaud dit Émile Thibaud…, et Paris-Beaulieu[13] à qui il cède son brevet lithographique le 12 novembre 1842 avec une location sur 18 ans son imprimerie lithographique.
Après sa carrière d’imprimeur, François Thibaud poursuit son activité politique commencée à Royat en 1829 et se fait nommer maire de la cité thermale auvergnate en novembre 1843 ; poste qu’il occupe jusqu’en 1846.
Ambroise Tardieu, publie dans son Dictionnaire iconographique de l'ancienne Auvergne[14] un portait[15] de François Thibaud dit Thibaud-Landriot (p. 220, Fig. 1, p. 4).
Ci-après signature de François Thibaud sur l’acte de mariage de son cinquième fils Pierre François Louis Thibaud, le 8 juin 1846[16] à Moulins, avec Jeanne Béatrix Inès Pétronille Pic.
Bibl. : [Delorieux] Pierre-François Aleil, « Essai de catalogue de lithographies d’Alfred Delorieux (1791-1869) [197 pièces] », BHSA, Tome XCVIII, n°732-733, janvier-juin 1997, p. 281-310, et, Tome CXIV/2, n°798-799, juillet-décembre 2013, p. 89-92 ; N. Chabrol, « Estampes auvergnates d’Alfred Delorieux (1791-1869) Spécificité de l’œuvre lithographique d’un artiste de province », Nouvelles de l'Estampe, n° 107, oct. 1989, p. 5-8 ; Egullion, Imprimeurs, libraires et relieurs du Bas-Pays d’Auvergne et du Puy-de-Dôme 1491-1939, Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, Tome LVIII, 2000, p. 177 ; IFF1800, vol. 6, p. 203-205. [Thibaud] Egullion, « Une dynastie d’imprimeurs : Pierre Landriot et les Thibaud », BHSA, Tome XCVIII, n°731, octobre-décembre 1996, p.227-257 ; ELEC19.
[1] An VII (1798-1799).
[2] (Franoy (Doubs), juillet 1752 † Clermont-Fd, 31 juillet 1821).
[3] Tardieu signale dans son Dictionnaire iconographique de l'ancienne Auvergne un portrait de Landriot lithographié par Émile Thibaud (p. 120).
[4] (Riom, 11 décembre 1806 † Eygurande (Corrèze), 28 août 1896). Rénovateur avec d'Étienne-Hormidas Thevenot (Montferrand, 6 août 1797 † Clermont-Ferrand, 12 octobre 1862) des vitraux de la cathédrale de Clermont-Ferrand suite aux dégâts causés par la grêle lors de l’orage du 26 juillet 1835. Ils firent partis, avec Émile Thibaud et Jean-Baptiste Bouillet, de la Commission, organisée par le Préfet du Puy-de-Dôme le 19 novembre 1839, pour la recherche et la conservation des monuments historiques ; cette commission contribua à la création du musée de Clermont.
[5] Les imprimeurs lithographes et les imprimeurs de taille-douce étaient soumis au brevet depuis, respectivement 1817 et 1852.
[6] AD63, État-civil, Clermont-Ferrand, Décès, 1869, cote 6 E 1113 264, vue 40 consultée le 10 janvier 2025 « en son domicile […]. Rue d’Enfer, N°3 ».
[7] Voir notre ouvrage Fudez Frères Imprimeurs à Moulins, suivi de Notes sur les imprimeurs bourbonnais cités. Ed. HABEO, déc. 2024, 30 p., 21 illustr. PDF. https://habeoestampart.com/products/brivet-fudez-freres-imprimeurs-a-moulins-allier-xixe-version-pdf
[8] Depuis novembre 1825, Delorieux dispensait des cours à son domicile impasse Lagarlaye, maison Santini, près l’Hôtel-Dieu à Clermont.
[9] Voir notre ouvrage Marin Alexeline (1832 † 1869) Dessinateur lithographe, Ed. HABEO, sept. 2024, 34 p., 50 illustr. PDF. https://habeoestampart.com/products/brivet-alexeline-dessinateur-lithographe-clermontois-auvergne
[10] (Clermont-Ferrand, 13 juin 1799 † 24 décembre 1865).
[11] (Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), ? † > 1863).
[12] (Maciéjowice (Lublin, Pologne), 24 décembre 1810 † Paris, 23 janvier 1887). Créateur d’un procédé spécial de réimpression par fac-similé consistant à utiliser à la fois la photographie et la lithographie. Le procédé Pilinski était utilisé à l’École des Chartes pour faciliter la consultation des documents anciens.
[13] Paul Antoine Paris dit Paris-Beaulieu né à Herment (Puy-de-Dôme) le 6 octobre 1812), rue Saint-Genès travaillait depuis 15 années chez Thibaud-Landriot.
[14] Dictionnaire iconographique de l'ancienne Auvergne, c'est-à-dire liste générale de tous les portraits gravés, lithographiés, dessinés, concernant cette province, y compris les portraits peints des galeries des châteaux ou familles notables, avec une suite de personnages vivants dignes de mémoire. Impr. de P. Raclot, Clermont-Ferrand, 1904, 227 p.
[15] Probablement dessiné par Béchis compte-tenu des annotations lues sur d’autres dessins originaux de cette série que j’ai eu en ma possession et dont il me reste quelques pièces.
[16] AD03, État Civil, Moulins, Mariage, 1841-1846, cote 2MI EC 196 66, vues 831-832 consultées le 26 novembre 2024. Son frère le statuaire, Amable Henri Thibaud dit Amable Henry Thibaud (Riom (Puy-de-Dôme), 22 janvier 1814 † Clermont-Ferrand, 12 août 1865) est son témoin. Fran9ois Thibaud est mentionné avec l’unique qualité « propriétaire demeurant à Clermont-Ferrand ». Voir notre ouvrage Fudez Frères Imprimeurs à Moulins, Op. Cit.
Extrait de Ephéméride Janvier, Encyclopédie illustrée de l'Auvergne, Bourbonnais et Velay.
© Hugues J. Brivet
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