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Blog d'HABEO Art et Estampes

Olivier Messiaen à Ambert, Neussargues et Vichy en Auvergne

1 Février 2025 , Rédigé par Hughes Brivet Publié dans #20e siècle, #Art contemporain, #Art, #Artistes peintres en Auvergne, #Histoire

Le 90ème anniversaire de la création de L’Ascension de Oliver Messiaen nous donne l’opportunité d’un billet sur les séjours du compositeur Messiaen en Auvergne : à Ambert (Puy-de-Dôme), Neussargues (Cantal) et Vichy (Allier).

Le mardi 29 janvier 1935, Olivier Messiaen créée en l’église Saint-Antoine des Quinze-Vingts[1] à Paris l’une de ses grandes œuvres symphoniques : L’Ascension. Commencé à Paris en mai 1932, Olivier Messiaen (Avignon (Vaucluse), 10 décembre 1908 † Clichy (Hauts-de-Seine), 27 avril 1992) termine ce cycle de quatre méditations symphoniques en juillet au château Benoid à Neussargues (Cantal).

Cependant, les premiers contacts du compositeur, organiste et pianiste Olivier Messiaen avec l’Auvergne remonte à 1909.

Pierre, Cécile et Olivier Messiaen en 1910 Cl. X

De Pâques 1909 à 1913, Olivier Messiaen passe une partie de sa petite enfance à Ambert (Puy-de-Dôme) où son père Pierre Messiaen, professeur d’anglais, est nommé depuis février 1909. Locataire des Angeli[2], Pierre Messiaen fréquente avec son épouse, le poète Cécile Sauvage[3], l’écrivain Henri Pourrat[4] qui évoque ces souvenirs dans La Veillée de Novembre[5]. Pierre, ayant obtenu son agrégation, est nommé à Nantes.

Cécile, Olivier et Alain Messiaen en 1913 Cl. X

Le mercredi 22 juin 1932, Olivier Messiaen épouse la violoniste Louis-Justine Delbos dite Claire Delbos[6], fille du philosophe catholique Victor Delbos[7] originaire de Figeac dans le Lot. Dès lors, le couple Messiaen passe les étés à Neussargues-Moissac[8] dans le Cantal, plus précisément au Château Benoît, propriété acquise par la famille Delbos dans les années 20. C’est dans cette commune, que Messiaen transcrit, adapte pour orgue[9] et joue au cours de l’été 1933 sa composition, L’Ascension.[10]

Claire et Olivier Messiaen au château Benoit à Neussargues en 1933 Cl. X

Ci-dessous le Château Benoid [sic] à Neussargues[11] vu par le peintre et dessinateur auvergnat Germaine Latallerie-Beurier[12] à la fin des années 1970 ; à cette date la demeure appartenait encore au fils d’Olivier et Claire Messiaen, Pascal décédé en 2020. Construit par François de Dienne, ce château du XVe siècle devient une résidence secondaire au début du XXe siècle pour la belle-famille de Messiaen. La chapelle construite[13] à l’origine (1851-1852) pour une maison de retraite, située dans le château de la famille Benoid, par le curé de la paroisse Félix Benoid, a été donnée par ce dernier aux habitants de la commune qui terminèrent l’église de l’Immaculée Conception de Neussargues inaugurée le 11 juillet 1853. Un clocher est ajouté en 1889.

Dessin de Germaine Latallerie-Beurier représentant à Neussargues dans le Cantal, le Château Benoit 1978
Latallerie-Beurier, Neussargues Château Benoit 1978 Cl. J. Bastien

Le 20 juin 2018, la SVV parisienne Ader dispersait les Collections Aristophil avec parmi les pièces présentées, le lot n°1185 : un cahier de 54 pages, le manuscrit musical autographe signé de L’Ascension.

Au début de l’année 1941, Messiaen est à Vichy avec l’Association Jeune France[14] créée à l’initiative du compositeur Pierre Schaeffer[15]et dont le siège est à l’Hôtel d’Angleterre, au 6 de la place d’Allier[16] .  Messiaen est engagé comme assistant de Daniel-Lesur directeur de Radio Jeunesse avec un salaire mensuel de 3 000 francs. Son emploi du temps lui permet d’envisager de rejoindre, une petite semaine par mois, son épouse et son fils restés à Neussargues ; toutefois, il est dans l’attente d’un poste au Conservatoire de Paris. Au printemps 1941, Messiaen écrit « Je suis en pension (45 francs par jour […]) Ma chambre est grande : deux fenêtres avec balcon, une au sud, l'autre à l'ouest […]. Il y a une vue sur un petit square avec des colonnes blanches de style italien. Le Parc des Célestins est proche, tout comme l’Hôtel d’Angleterre, et il y a une église ultra-moderne à quelques pas ».

Ci-dessous, une lithographie par René Margotton (Roanne (Loire), 18 novembre 1915 † Paris, 22 décembre 2009) pour l’ouvrage Vichy et son histoire des origines à nos jours (1947) de Maurice Constantin-Weyer (Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), 24 avril 1881 † Vichy, 22 octobre 1964) représentant la vue que Messiaen devait avoir : les colonnes aujourd’hui disparues de l’actuelle place Victoria à l’angle des actuelles rues Joffre et Foch, en face la rue Julien rejoignant l’église Notre-Dame-des-Malades, au bout de cette rue à gauche, non visible, se trouve l’Hôtel d’Angleterre.

Possible vue sur Vichy de la chambre d'Olivier Messiaen en 1941 avec en fond l'église Notre-Dame des Malades
Possible vue sur Vichy de la chambre de Messiaen en 1941
 

[1] Les orgues de tribune sont dues au facteur montpelliérain Aristide Cavaillé-Coll (1894) et au facteur allemand naturalisé français Joseph Merklin (1907) qui réalise également celles du chœur (1909).

[2] L’écrivain Jean Angeli dit Jean l'Olagne (Ambert (Puy-de-Dôme), 3 janvier 1886 † Hébuterne (Pas-de-Calais), 11 juin 1915) et le peintre-xylographe François Angeli (Ambert, 13 février 1890 † Ambert, 30 mai 1974).

[3] (1883 † 1927). Elle écrit alors son poème Le Vallon (Mercure de France, 1913).

[4] (Ambert, 7 mai 1887 † Ambert, 16 juillet 1959).

[5] Bois gravés en tête et culs de lampe de François Angeli. Aux éditions de la cigale à Uzès, 1937, 147 p. Tiré à 60 exemplaires sur Auvergne à la main (1-60), 200 ex. sur Vergé Vidalon (61-260), et 2500 ex. sur Vélin supérieur.

[6] (Paris, 2 novembre 1906 † Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), 22 avril 1959).

[7] (1862 † 1916).

[8] Murat et ses Environs vus par les artistes au fil des ans, Ed. HABEO, déc. 2023, 228 p., 214 illustr. ISBN  978-2-9591484-0-8. Version Livre imprimé. Murat et ses Environs vus par les artistes au fil des ans, Ed. HABEO, déc. 2023, 160 p., 189 illustr. ISBN  978-2-9591484-0-8. Version PDF (p. 97).

[9] Version publiée en novembre 1934 aux éditions Alphonse Leduc.

[10] Écouter sur YOUTUBE, de 0:26:33 à 0:55:15.

[11] 27ème dessin de Châteaux et Gentilhommières du Cantal, vol. 2. Editions des Cahiers Bourbonnais, Montluçon, 1977-1978, 5 volumes en feuilles sous étui. 

[12] (Saint-Dier-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), 2 avril 1907) † Montluçon (Allier), 13 mai 1997). Fille d’un greffier de paix, Joseph Latallerie, et, petite fille d’un négociant de Saint-Dier par sa mère Jeanne Loubaresse (AD63, Saint-Dier-d'Auvergne, ANMD 1907, cote 6 E 3091, vue 3).

[13] Chabaud, Op. Cit. p. 441. Peter Hill et Nigel Simeone, dans leur ouvrage consacré à Messiaen publié en 2005 (New Haven et Londres, Yale University Press), indiquent à tort que l’église a été construite par la famille Delbos.

[14] Un groupe de musiciens au même nom, Jeune France, avait été crée en 1936 autour des « quatre petits frères spiritualistes » selon l’expression d’André Cœuroy, les compositeurs : Yves Baudrier (1906 † 19881), André Jolivet (1905 † 1974), Daniel-Lesur (1908 † 2002) et Olivier Messiaen. Leur premier concert (1936) est dirigé par le chef d’orchestre vichyssois Roger Desormière (1898 † 1963).

[15] (1910 † 1995).

[16] Nota : À l’autre extrémité de la place, à l’angle de la rue Hubert Colombier, le « résistant » François Mitterrand travaillait dans les bureaux du STO ; un temps, il logea, non loin, à l’Hôtel d’Allier, face à l’entrée de l’église Saint-Blaise.

Messiaen: L'Ascension: III. Transports de joie d'une âme devant la gloire du Christ

L'Ascension Manuscrit musical autographe d'Olivier Messiaen Cl. SVV Ader
L'Ascension Manuscrit d'Olivier Messiaen Cl. SVV Ader

 

Extrait de Ephéméride Janvier, Encyclopédie illustrée de l'Auvergne, Bourbonnais et Velay.

© Hugues J. Brivet

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