Agénor Altaroche, d’Issoire au Palais Bourbon via le Charivari
Naissance le 18 avril 1811[1] à Issoire (Puy-de-Dôme) de Agénor Altaroche, décédé à Méry-sur-Oise (Val-d'Oise) le 13 mai 1884. Fils de Jean-Baptiste Altaroche, avocat issoirien, et de Jeanne Marie Adèle Odde de Lardeyrolle, Marie Durand Michel Agénor Altaroche étudie le droit avant de s’engager dans la carrière journalistique d’abord dans la presse d’opposition locale, puis « d’allumer des brandons »[2] dans la presse républicaine nationale[3] à Paris où il arrive au lendemain de la Révolution de 1830 ; en 1832, il contribue à la création du Charivari, premier quotidien illustré satirique fondé le 1er décembre 1832 par le dessinateur, lithographe et journaliste lyonnais Charles Philipon[4] et l’écrivain journaliste Louis Desnoyers[5] qui prend la direction de la rédaction ; Altaroche lui succède de 1834 à 1848.
Le 16 janvier 1834, La Caricature publie pour son numéro 167 une double planche (n°351-352, 436*296 mm) dessinée par Grandville[6] et Benjamin [Roubaud][7], lithographiée par Benard, éditée Chez Aubert galerie Véro-Dodat[8] et imprimée par L. Becquet rue Fürstenberg, avec la Lettre : Grand Enterrement du gros Constitutionnel décédé en son hôtel rue Montmartre, N° 121, enface de l'apothicaire et du Marchand de Brioches. | Cet infortuné vieillard tombé, après la révolution de Juillet, dans l'enfance et le philippisme fut attaqué de tous fléaux qui marquèrent ce temps de calamités publiques, la croix dite d'honneur, la poignée de main, la truffe ministérielle enfin, il mourut frappé de l'affreux | désabonnement et s'éteignit dans les bras de ses actionnaires. St. Albin (le Rousselin de 93) Chevassus (jadis attaché à la personne de M. de Stael), Jay (ancien censeur), Etienne (ancien censeur) | que la terre te soit légère, ô naif Constitutionnel ! ... De profundis.[9] L’estampe montre quelques-uns des collaborateurs de l’époque de La Caricature et du Charivari : le cortège est mené par Altaroche dans le costume du Charivari.
Le 6 avril 1835, Altaroche est assigné, avec son éditeur Pagnerre et son imprimeur Hernan, à comparaître devant la Cour d’Assises de la Seine pour sa chanson Pétition d’un voleur à un roi son voisin mettent en scène un galérien « fourbe, avare, méchant, ladre, impitoyable, rapace » demandant au roi de le nommer à la préfecture, ayant les mêmes qualités que le locataire du lieu. Le chansonnier Pierre-François Lacenaire (1803 † 1836) revendiquera la paternité de cette œuvre en lui adressant un poème qui sera publié dans la Gazette des Tribunaux du 12 novembre 1835[10].
Dès 1836, Altaroche livre chaque année une pièce pour L’Almanach populaire. Avec 240 écrivains dont Desnoyers, il participe à la création de la Société des Gens de Lettres, fondée le 31 décembre 1837, dont il assure le secrétariat.
Le jeudi 13 décembre 1838, Le Charivari publie une vignette gravée sur bois (73*44 mm) dessinée par Honoré Daumier représentant Louis Desnoyers, Altaroche et Albert Cler, les directeurs et propriétaires du Charivari.
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En 1839, le dessinateur et lithographe Benjamin dessine le portrait d’Altaroche pour la deuxième série de la Galerie de la Presse | de la Littérature et des Beaux-Arts éditée Chez Aubert Gal. Vero-Dodat et imprimée par Aubert & Cie ; la lithographie illustre un texte de Louis Huart[11]. Cette pièce est reprise par La Caricature provisoire,[12] tirée à Paris, chez Aubert, rue Croix-des-Petits-Champs, n. 23. Bibl. : Bdf, 29 juin 1839, n°582.
Benjamin, pour sa série Panthéon Charivarique[13], produit un portrait charge, imprimé par Aubert, d’un Altaroche assis, accoudé sur une table, avec la Lettre : Sous le drapeau démocratique | tirailleur tout-à-tour grave et charivarique | Altaroche souvent a mis son nom au dos | de petits un dix-huit[14]. Mais sa jeune plume | a fais plus d’un mince volume, | Sa tête, ci-dessus, en fais un assez gros.
Après l’abdication de Louis-Philippe et devant les menaces de Raspail[15], la Seconde République est proclamée par Lamartine. Un gouvernement provisoire est mis en place avec Alexandre-Auguste Ledru-Rollin[16] comme ministre de l’intérieur. Du 6 mars au 8 mai 1848, Altaroche devient le commissaire du gouvernement provisoire dans le département du Puy-de-Dôme où il est élu à l’Assemblée Constituante du 4 mai 1848 au 26 mai 1849.
La Galerie des gens de lettres au XIXe siècle de Charles[17] Robin est illustrée d’un portrait d’Altaroche par Jacques François Gaudérique Llanta (1807 † 1864). Bibl. : IFF1800, vol. 14, p. 372-393, n° 104c.
Pour la Galerie des Représentants du Peuple de l’éditeur Goupil, Achille Devéria[18] dessine un portrait d’Altaroche. Dans la planche, sous le portrait à gauche Lith. d’après nature par Devéria, à droite Imp. Lemercier, Paris, en bas E. Desmaisons Direxecit. Au-dessus du sujet Assemblée Nationale | Galerie des Représentants du Peuple (1848) | (Puy-de-Dôme) ; sous le sujet, à gauche Paris… Maison Basset, Rue de Seine, 33, au centre 470, à droite Paris… Goupil, Vibert & Ce, Boulev. Montmartre, 15 ; en bas Altaroche (Marie, Michel) | Né à Issoire, (Puy-de-Dôme) le 18 avril 1811 avec à droite fac-similé de la signature. Bibl. : Bdf, 17 février 1849, n°37. Nota : Son prénom est réduit à ses deuxième et troisième prénom.
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Planche 28 de la première série Les Représentants représentés du Charivari du 14 mars 1849, lithographie de Daumier imprimée A Paris, chez Aubert, place de la Bourse. Bibl. : Bdf, 5 mai 1849, n°176. Sujet 250*200 mm. Deux états dont un avec la Lettre : ALTAROCHE | Cet enfant de l'Auvergne est Altaroche député du Puy-de-Dôme. | Une des croyances de Daumier, c'est que tous les Auvergnats, sans exception, sont porteurs d'eau, voilà sa réponse | invariable ; aussi Daumier, malgré toutes nos observations, s'est-il obstiné à nous représenter de la sorte Altaroche | apportant sa voie au scrutin. Nota : la tête d’Altaroche est proche de celle dessinée par Benjamin pour le Panthéon Charivarique.
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Son portrait gravé par Alexandre Collette[19], édité par la Vve Delarue en 1848 et imprimé par Kaeppelin[20], a servi de modèle pour le portrait donné par Victor Rose à Georges Bonnefoy pour son ouvrage Histoire de l'administration civile dans la province d'Auvergne et le département du Puy-de-Dôme : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, suivie d'une revue biographique illustrée des membres de l'état politique moderne (députés et sénateurs) (Paris, Émile Lechevalier, 1895-1902, 4 vol. avec portraits).
Non élu lors des élections à l’Assemblée Législative, Altaroche se consacre à ses activités littéraires et théâtrales. Après avoir dirigé de 1850 à 1852 le Théâtre de l’Odéon où furent joués pour la premières fois les Contes d’Hoffmann, Altaroche, n’ayant pas obtenu le renouvellement de son bail, s’associe avec Louis Huard pour reprendre un café-chantant situé boulevard du Temple, les Folies-Concertantes deviennent les Folies-Nouvelles, futur Théâtre Déjazet ; en 1865 il revient au Charivari comme administrateur.
Dès 1851, Nadar dessine des portraits charges pour sa frise lithographique[21] le Panthéon Nadar tirée en mars 1854. Dans le cortège mené par Georges Sand, le n°74 : Altaroche. La Bibliothèque Nationale possède une suite de cinq dessins : Visage de trois quarts à gauche (fusain rehaussé de gouache sur papier brun, 233*155 mcm, Sbd) ; Visage de trois quarts et visage de profil (graphite, sur papier brun, 156*237 mm, NS) ; Visage de face (graphite, sur papier brun, 199*152 mm, NS) ; Visage de face (fusain sur papier brun, 236*157 mm, NS) ; Visage de profil, tête de dos (graphite, sur papier brun, 234*150 mm, NS).
Les Binettes contemporaines[22] illustrées par Nadar[23] publient pour le tome VII (p. 33-42) un portrait-charge d’Altaroche gravé par Diglot.
Sous le n°100, la SVV Artcurial présente le 10 octobre 2011 un portrait d’Altaroche au fusain et rehauts de gouache, monogrammé en bd N [Nadar], 235*155 mm.
Alors que nous préparions ce billet, une aquarelle avec rehauts de gouache sur papier brun est apparue sur le marché chez un confrère auvergnat[24] avec la description « titré en bas au centre et signé de l'initiale sur la droite. Panthéon Nadar 74 ». Nota : Sur cette pièce le monogramme d’une graphie différente apparait en blanc.
Eugène Vermersch (1845 † 1878), citant le journaliste toulousain et homme politique Alphonse Peyrat (1812 † 1890) ainsi que le poète Charles Monselet (1825 † 1888), donne quelques lignes pour le chapitre « CCLVIII Altaroche » des Hommes du jour publié dans le numéro 31 du Hanneton du 12 septembre 1867.
La même année, le journal L'Auvergnat publie une caricature imprimée A Paris. Imp. Lallement. Chez A. Pinard et Cie, rue Jacques de Brosse, 10.
Le Monde Illustrée annonce le décès de l’écrivain en publiant dans son édition du 24 mai 1884 un portrait d’Altaroche gravé sur bois par Charles Auguste Jeaugeon[25] d’après un dessin du corrézien d’adoption Gaston Vuillier[26] (1845 † 1915).
[1] AD63, État-civil, Issoire, Naissance, an XI-1812, cote 6 E 178 13, vue 357 consultée le 17 avril 2025.
[2] Jules Clarétie, « Nécrologie », Le Temps, 1884.
[3] Le Courrier des Électeurs, Le Courrier des Communes, Le Courrier de la Révolution, Le Diable boiteux, La Tribune, Le Populaire, Le Journal du peuple qu’il fonde en 1834 avec Garnier-Pagès et Pagnerre, La Caricature, Le National, Le Bon Sens.
[4] (Lyon,19 avril 1800 † Paris, 26 janvier 1862). « Duc de la Lithographie, Marquis du Dessin, Comte de Bois gravés, Baron de Charges, Chevalier de Caricatures et autres lieux » selon Balzac.
[5] (1802 †1868) dit Derville. Ex-rédacteur en chef de La Caricature | politique, morale, littéraire et scénique dirigée par Philipon.
[6] Jean Ignace Isidore Gérard dit Jean-Jacques Grandville (1803 † 1847).
[7] Joseph Germain Mathieu Roubaud dit Benjamin (1811 †1847).
[8] Passage créé en 1826.
[10] LAS vendue par la SVV Ader, Paris, 21 février 2013, lot 95.
[11] (1813 † 1865).
[12] Du 1er novembre 1838 au 24 décembre 1843.
[13] Publiée dans Le Charivari de 1838 à 1842.
[14] Format de publications parmi lesquelles : La Chambre et les écoles (1831), Société des droits de l’homme et du citoyen (1833), études dans Paris Moderne et Paris révolutionnaire, L’Avoué de Paris (1834), Les Commissaires de police (1835), Chansons politiques (1835 et 1836), Lestocq ou le Retour de Sibérie (1836, sous le pseudonyme de Dupuy, comédie), Contes démocratiques (1837), Aventures de Victor Augerol (1838), La Réforme et la Révolution (1841), Le Corrégidor de Pampelune (1843, comédie), … Certains des ouvrages d’Altaroche ont été illustrés.
[15] (Carpentras, 29 janvier 1794 † Arcueil, 7 janvier 1878). Chimiste, médecin et homme politique, réélu député en 1877, Raspail demanda vainement l’amnistie des communards. Le peintre auvergnat Charbonnel (Paulhac (Cantal), 28 mars 1848 † Paris, 22 mai 1885) dessine son portrait qui sera gravé en 1878 par Monnin. Voir notre ouvrage Jean-Louis Charbonnel l’œuvre gravé (1873-1883).
[16] (1807-1874), avocat et homme politique. Altaroche s’était opposé à sa candidature en 1841 lui préférant son ami Pagès jeune. Voir notre ouvrage Fudez Frères Imprimeurs à Moulins, suivi de Notes sur les imprimeurs bourbonnais cités. Ed. HABEO, déc. 2024, 30 p., 21 illustr. Version PDF.
[17] Éd. Victor Lecou, 1848, 359 p.
[18] (1800 † 1857).
[19] Alexandre Désiré Collette (Arras (Pas-de-Calais) 1814 † Paris, 18 février 1905) réalise en 1851 une affiche publicitaire, Pastille de Vichy, pour le pharmacien C. Paton. Il a collaboré à la revue bourbonnaise L’Art en Province. Bibl. : IFF100, vol. 5, p. 111-118, n°25a.
[20] On doit à Eugène Florent Kaeppelin l’impression de planches sur le Cantal pour l’ouvrage du géologue Amédée Burat, Description des terrains volcaniques de la France centrale (Paris. F. G. Levrault, 1833, XXIV, 342 p.).
[21] 81,9*114,5 cm. 249 écrivains représentés parmi lesquels : n°40 le bourbonnais Théodore de Banville, n°68 Étienne-Jean Delécluze qui a dessiné des sites du Puy-de-Dôme et du Cantal, n°78 Albéric Second auteur d’ouvrages sur Vichy, n°191 Émile Badoche.
[22] Par Joseph Citrouillard (1802 † 1879) revues par Louis-Auguste Commerson (1802 † 1879), Paris, Gustave Havard éditeur, 10 vol. 1854-1855.
[25] Né le 29 juillet 1848 à Paris.
[26] (Perpignan (Pyrénées-Orientales), 7 octobre 1845 † Gimel-les-Cascades (Corrèze), 2 février 1915).
Sa ville natale lui a rendu hommage en lui consacrant une place.
Extrait de Ephéméride Avril, Encyclopédie illustrée de l'Auvergne, Bourbonnais et Velay.
© Hugues J. Brivet
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