Prosper Marilhat, l'egyptien
Peintre orientaliste et paysagiste, Georges-Antoine-Prosper Marilhat est né le 26 mars 1811 à Vertaizon en Auvergne. Grande Médaille d’Or au Salon de 1844, il a suscité l’admiration de ses contemporains tels que Théophile Gauthier et Eugène Fromentin. Malade, il décède le 13 septembre 1847 à Paris. Son œuvre peint, outre deux eaux-fortes originales, a été l'objet de plusieurs gravures d'interprétation.
Nota : Toute ressemblance avec l'article Wikipédia n'est pas fortuite. En effet, j'ai largement développé cet article que j'ai créé le 4 février 2008 (Voir le détail des contributions dans l'onglet "Historique" de cat article).
L'enfance et l'adolescence de Prosper Marilhat, fils du banquier Pierre-Luc Marilhat & de Jeanne Boudal Delapchier Du Chasseint, se déroulent entre le château de Sauvagnat à Vinzelles et Thiers où il suit ses études classiques. Le "pauvre et médiocre" dessinateur italien Valentini et l'artiste régional Goutay l'initient au dessin et à la peinture.
Sa famille bourgeoise lui souhaite une carrière dans la traditionnelle coutellerie thiernoise. Pendant dix-neuf mois, Marilhat sera improvisé commis-voyageur dans le midi de la France pour le compte d'un oncle industriel coutelier. Marilhat remplit plus ses carnets de dessins que les bons de commande. Ses parents cèdent aux pressions du baron de Barante (1782-1866). Prosper Marilhat quitte Thiers, en 1829, pour Paris où il intègre l'atelier de Charles Cicéri qu'il abandonne rapidement pour celui de Camille Roqueplan (1802-1855). Il débute au Salon de 1831 avec un "Site d'Auvergne".
Son goût pour Poussin et les grands classiques le font surnommer "Précis". Le baron von Hugel (1795-1870) qui prépare une expédition scientifique au Moyen-Orient le remarque et l'invite. Il s'embarque à Toulon sur le brick "D'Assas" avec toute l'expédition début mai 1831 . Dans sa correspondance avec sa famille, Marilhat donne des descriptions de son voyage qui font l'admiration de Théophile Gautier (1811-1872) «Marilhat eût pu acquérir, comme écrivain, le nom qu'il a conquis comme peintre». Marilhat laisse l'expédition à Alexandrie, et, pour subsister il peint des portraits et quelques décors de théâtre. Il retourne en France sur le "Sphinx", qui remorque l'obélisque de Louxor, en compagnie du lieutenant de vaisseau et graveur Léon de Joannis et avec lequel il collaborera pour sa publication "Campagne du Luxor" (1835, page de garde et planche 15) . Mi-Mai 1833, il débarque à Marseille fort de dix albums de croquis et dessins. G. Schurr se trompe en écrivant "on le baptisa l'Égyptien" . En effet,c’est Marilhat lui-même qui se baptise ainsi : le 18 mai 1833 en rade de Toulon, il adresse un courrier à sa sœur et signe "L'Égyptien Prosper Marilhat" .
Après un passage en Auvergne où il peint dans le Cantal et dans la région de Royat, Marilhat s'installe à Paris qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort hormis les deux mois de vacances qu'il passe dans la région thiernoise chaque année, et, les deux voyages qu'il effectue en Italie et en Provence. Il fréquente le "Cercle des Arts" où il rencontre Prosper Mérimée (1803-1870)à qui il voue une profonde admiration ainsi que Théodore Chassériau (1819-1857) qui réalise son portrait (hst 129,5*98cm, 1835).
Au Salon de 1834, ses œuvres à sujets égyptiens, dont "La place de l'Esbekieh", suscitent l'enthousiasme de Théophile Gautier alors que la revue "L’Artiste" plébiscite Eugène Delacroix (1799-1863).
Le succès se poursuit lors du Salon de 1835, avec des paysages d'Auvergne "Intérieur d'un village, environs de Thiers" et d'Orient. Il reçoit la Médaille d'Or pour le "Souvenir de la Campagne de Rosette" - voir les lithographies par F.-L. Français (1814-1897) et Jules Veyrassat (1828-1893).
Marilhat grave ses deux seules eaux-fortes originales représentant les deux chef-d'œuvres : "La place de l'Esbekieh" et "Souvenir de la campagne de Rosette". «On ne peut que regretter un chiffre aussi faible; Marilhat se place parmi les pionniers de l'orientalisme... En revanche, ses tableaux ont été largement diffusés par la lithographie et la gravure».
Eté 1835, sur les conseils de Caruel d'Aligny (1798-1871) , il effectue le traditionnel voyage en Italie (Rome, Livourne, Venise,Bologne, Milan). Charles-Philippe Auguste Carey (1824-1897) gravera en 1850 "La conversation dans un parc" qui représente la Villa Pamphili. Il en rapporte un tableau "Crépuscule" qui est refusé par le jury du Salon.
Eté 1836, il voyage en Provence (Viviers, Villeneuve-lès-Avignon) en compagnie de Corot et d'un ami de ce dernier Achille-Adolphe Francey ainsi que de Lacroix.
Salon de 1837, Marilhat expose "Paysage pastoral de Gréce" ou "Scène pastorale" dans lequel D. Menu perçoit «l'influence de son ami le peintre Caruel d'Aligny», "Vue du tombeau Abou-Mandour, près de Rosette" .
Au Salon de 1838, il présente "Pont du Gard" où Marilhat subit, comme Français, l'influence de Cabat (1812-1893) et d'Aligny. Cette même année, il participe au salon de la Société des Amis des Arts de Lyon avec Paul Huet (1804-1869)...
Salon de 1839, "Nymphes dans une clairière" ou "Baigneuses", "Les Jardins d'Armide", "Le delta".
Salon de 1840, "Ruines d'une ancienne mosquée dans la ville des Tombeaux au Caire" ou "Ruines de la mosquée El-Hakem au Caire", "Une caravane arrêtée dans les ruines de Balbek" - voir les nombreuses gravures d'interprétations de P.-J. Chalamel, Menut-Alophe (1812-1883), Jules Laurens (1825-1901), Alfred Jorel, "Vue d'un quai à Rosette", "Vue d'un village près de Thiers".
Au Salon de1841, Marilhat expose "Souvenirs des environs de Beyrouth" - voir Lithographie de F.W. Marks -, "Ruines grecques". "L’Artiste" loue «les qualités de verve… dans les œuvres de ce peintre si original et pourtant si aimé» «peintre privilégié de l’Orient, le traducteur inimitable de ces contrées stériles… de ces fertiles oasis… l’auteur cette année des "Ruines grecques" et des "Souvenirs des environs de Beyrouth"… comme toujours excellent coloriste. »
Le Salon de 1844 où il envoie «huit diamants... (est) le chant du cygne de Marilhat» : "Vue de la Place de l'Esbekieh au Caire", "Café à Boulak", "La Mosquée Babel-Wase", "Tombeaux arabes à Salmiè", "Village près de Rosette" - voir la lithographie de Jean-Joseph Bellel , la gravure d'Henry Berthoud -, "Souvenir des bords du Nil" - lithographie de L. Français -, "Arabes syriens en voyage" - lithographie de C. Nanteuil, chromolithographie de William Henry Freeman -, "Souvenirs des environs de Thiers" - gravure de Louis Marvy, lithographie de Léon Laroche . Marilhat obtient une Grande Médaille d'Or. Cet envoi de Marilhat au Salon de 1844 influença Fromentin (1820-1876) qui réalisera, en 1867, son chef d’œuvre la "Caravane de Marilhat".
Malade, Marilhat ne peut retourner en Orient, et, exécute à Paris trois commandes royales en 1844 et 1845.
1846, ses amis Prosper Mérimée et Corot interviennent pour qu'une bourse de 1 200 francs lui soit attribuée.
Il meurt le 13 septembre 1847 à Paris après avoir perdu la raison, victime de la syphilis. Son atelier (61 tableaux, 22 dessins,...) est vendu les 13 & 15 décembre 1849. Prosper Marilhat est enterré au Père-Lachaise (Ci-dessous, photographie de la sépulture de Marilhat communiquée par Les Amis et Passionnés du Pére Lachaise).
Son œuvre peint a attiré l'attention d'une quarantaine de graveurs dont Anastasi (1820-1889), Julien Léopold Boilly (1796-1874) avec La Caravane publiée par L'Artiste en 1864, Charles Bour (XIXe s.), François-Louis Français (1814-1897), Georges de Lafage-Laujol (1830-1858), Louis Marvy (1815-1850) , F.-W. Marks, Menut Alophe, Adolphe Mouilleron (1820-1881) auteur d’un portrait gravé de Prosper Marilhat publiè par Bertauts, Célestin Nanteuil (1813-1873), et plus particulièrement Jean-Joseph François Bellel (18 janvier 1816-Novembre 1898) [16], Jules Laurens (1825-1901), ainsi qu'Eugène Leroux (1811-1863).
Si Marilhat a exercé une influence sur certains de ses contemporains, il est difficile de lui attribuer des élèves compte-tenu de sa brève existence dont le temps fut largement amputé par la création, la maladie. Cependant, les notices des Salons le donnent comme maître de certains exposants, il en est ainsi pour : Léon Prudent Bouchaud (1817-1868), Henri de Chacaton (1813-1886), Paul Chavandier de Valdromme…
Les œuvres de Marilhat étaients présentes dans les collections de ses contemporains comme Bonnat (dont la collection sera donnée au Musée de Bayonne) avec des dessins et aquarelles, Wertheimberg,
En 1930, pour le centenaire de l'Algérie, "L'Amirauté à Alger" (hst, 22*34) figure à l'exposition "Alger 1930"[17].
Début 1861, M° Escribe vend aux enchères pou 160fr «La Mare aux Cigognes» . En mars, lors de la vente de la collection Wertheimberg, Philippe Burty loue «une des meilleures pages de l’œuvre du maître pour l’agrément sévère de la composition et la largeur du faire» le "Bazar à l’entrée de la ville de Jérusalem" (55*81cm).
En 1886, le poète Raymond Bouyer écrit un sonnet «Sites sauvages», d’après Marilhat .
En 1889, dans un article consacré à la peinture orientaliste au salon de 1889, Léonce Benedite note «la glorieuse tradition de Decamps et de Marilhat, de Delacroix, de Fromentin et de Belly» .
1844, Grande Médaille d'Or.
* Albi, Musée Toulouse-Lautrec : dessins...
* Besançon, Musée des Beaux-Arts.
o Paysage d'orient au soleil couchant, hst.
* Clermont-Ferrand, Musée Bargoin : dessins, gravures...
o Nymphes dans une clairière, hst, (cf. Salon de 1939).
o Bords du Nil, hst.
o Paysage d'orient, hst.
o Marine, hsp. collé sur bois.
* Le Mans, Musée Téssé.
o Paysage pastoral de Grèce, hst., 1837 (cf. Salon de 1837).
* Le Puy, Musée Crozatier.
o Bords d'un étang, hsb.
* Montpellier, Musée Fabre : dessins...
o Village d'auvergne, hst.
* Moulins, Musée d'Art & d'Archéologie : dessins...
* Orléans, Musée des Beaux-Arts : dessins...
* Paris, Musée du Louvre, Cabinet des Dessins : dessins...
* Paris, Bibliothèque de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts : dessins...
* Paris, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Estampes : gravures...
* Reims, Musée des Beaux-Arts.
o Villeneuve-les-Avignon, hst. Longtemps considérée comme œuvre de Corot, cette huile est attribuée à Marilhat en 1943 par G. Bazin.
* Riom, Musée Mandet.
o Paysage d'auvergne: Royat, hst.
* Thiers, Musée Fontenille-Mondière.
o Vue d'orient, hsb, circ. 1840.
o Vue prise aux environs d'Athènes au soleil couchant, hst., don de l'artiste à Théodore Chassériau pour le remercier de son portrait.
o Ruelle, hst.
* Édouard Charton, "Marilhat, paysagiste. Fragments de ses lettres inédites", in "Le Magasin Pittoresque", 1856, pp.347-350, 370-371, 403-404.
* H. Gomot, Marilhat et son œuvre, Impr. Mont-Louis, Clermont-Ferrand, 1884, 101p.
* Marie-Laure Hallopeau, "Prosper Marilhat : Peintures, Dessins, Gravures", Catalogue de l'exposition au Musée Bargoin, Juin - Septembre 1973, 32p., ill., La Source d'Or & Le Centre de Recherches Révolutionnaires et Romantiques, 1973.
* Serge Trouillet, "Prosper Marilhat, Peintre de la ligne et du soleil", in Revue "Un, Deux... Quatre", pp. 1-19, ill., n°150, 01/01/1993.
- Frédéric Mercey, "Le Salon de 1838", Revue de Deux Mondes, pp.401, 402.
- A. Delafoulhouze, "Notice sur Prosper Marilhat, peintre de paysage", in "Bulletin Historique et Scientifique de l’Auvergne", 1862, tome IV, pp.27-49. (Nota : Il s’agit d’une reprise de l’article d’É. Charton, que l’on qualifierait de nos jours par un «'copier-coller'').
- Henri Béraldi (1849-1931), Les graveurs du XIXe siècle : guide de l'amateur d'estampes modernes, Paris, L. Conquet, 1885-1892, vol.9, pp.217-218.
- Roger Bonniot, "Le peintre auvergnat Prosper Marilhat ; études iconographiques", in Revue "L'Auvergne Littéraire" pp. 3-28, n°191, 4° trim. 1966.
- Danièle Menu, "Prosper Marilhat (1811-1847). Essai de Catalogue", Mémoire de maîtrise, Faculté des Lettres de Dijon, manuscrit, 1972 (près de 250 œuvres recensées).
«Je me rappelle tout jusqu'au "Pli des Grives", jusqu'au cigare fumé tranquillement sur les "Tertres de Bontest»" écrit-il dans un courrier adressé de Syrie à sa famille. Cf. Transcription de Théophile Gautier dans "La Revue des deux mondes" du 1er Juillet 1848, reprise dans «Portraits contemporains», Charpentier, Paris, 1874, 2ème édition, p.250
Charles Saunier, «La peinture au XIXe siècle», Larousse, Coll. Anthologie d'art français, tome I, p91. Professeur de Charles Blanc, ce dernier cite Valentini avec reconnaissance dans sa «Vie des Peintres».Une vue de l'Hôpital de Thiers par Goutay fut gravée par Tirpenne pour l'album "L'Anvienne Auvergne et le Velay".
Luc-Charles Cicéri (1782-1868), gendre et élève d'Eugène Isabey. Son fils, Eugène Cicéri (Médaille de 3ème Classe en Paysage) réalisera quelques vues d’Auvergne.
«Nous sommes sur le point de partir de Toulon... dans deux ou trois jours nous mettrons à la voile pour Navarin», in Lettre du 30 avril 1831 à sa sœur Mme Andrieux.
G. Schurr, «Le guidargus de la peinture du XIXe siècle à nos jours 1984», Ed. de l'Amateur, 1984, p. 464 en présentant une "Mosquée au Caire" (hst 75*105 mise en vente le 13 décembre 1983 par l'étude Laurin à Paris). Erreur reprise dans «Les petits maîtres de la peinture», Ed. de l'Amateur, 1983, Vol. I p.33.
Élève de Corot et K. Gigoux Cf. Bénézit, T5, pp.633-634 ; Gaïté Dugnat, Pierre Sanchez, "Dictionnaire des graveurs, illustrateurs et affichistes français et étrangers, 1673-1950", Ed. de L'Echelle de Jacob, Dijon, 2001, vol.2, p.942 ; Lydia Harambourg, Dictionnaire des peintres paysagistes français au XIXe, Ides et Calendes, 1985, p.152.
Janine Bailly-Herzberg, «Dictionnaire de l'estampe en France 1830-1950, Arts et Métiers Graphiques», 1985, p.214 & ill.
Ou Caruelle d’Aligny. Né à Chaumes dans le Nivernais et mort à Lyon où il avait été nommé Directeur de l’école ds beaux-arts. Élève de Regnault et Watelet. Cf. Bénézit, T3, pp.309-310.
une "Nécropole du Caire avec la citadelle à l'arrière-plan" exposée lors de ce salon (lot 1147) a été vendue par Sotheby's Paris en 2006.
«Nous sommes entré dans la petite chambre...un autre tombeau avait le corps du pauvre grand artiste, mais là était enterrée son âme...pas moins de deux ou trois cents toiles» cf. T. Gautier p.263-265.
Spécialement des planches pour la revue "L’Artiste", Cf. Biblio., H. Béraldi, Les graveurs du XIXe siècle, vol.1, pp.46-49.
Élève de J. Ouvrié, il séjourne réguliérement en Auvergne dont il expose des paysages de son premier Salon en 1840 jusqu’à 1859. Un "Paysage italien" entré au Louvre en 1878 comme étant un Marilhat lui a été réattribué. Cf. Bénézit, T2, pp.54-55 ; Dugnat, vol.1, p.194 ; L. Harambourg, p.43.
Gustave Gruyer, La Collection Bonnat au Musée de Bayonne, Gazette des Beaux-arts, 1er semestre 1903, p.206.
Jacques Lugand, Jean Nougaret, «Collections privées d'Auvergne», Musée Mandet, Riom, Catalogue de l'exposition juin - septembre 1970, pp.30&104.