Montdory l'interprète de Corneille
Comédien, Guillaume Desgilberts, ou Dosgilbertz, dit Mondory ou Montdory, est baptisé à Thiers (Puy-de-Dôme) * le 13 mars 1594.
Fondateur et le directeur de la troupe du Théâtre du Marais en 1634, avec laquelle il monte les premières pièces de Corneille (1606 † 1684) de « Mélite » au « Cid » où il tient souvent le rôle clé ** (c'est le Rodrigue de la première du Cid en janvier 1637).
Sa paralysie la même année, privant la troupe de sa vedette, consacre le déclin du Théâtre du Marais au profit de l'Hôtel de Bourgogne (bien que la première de la tragédie « Horace » qui suit « Le Cid », ait été vraisemblablement donnée au Marais, avec Floridor (1608 † 1671) dans le rôle-titre).
Le graveur Abraham Bosse (1604 † 1676) l'aurait représenté sous les traits d'Hérode, personnage central du frontispice pour l'édition original (1637) de la pièce « Mariane » (1636) du poète creusois Tristan l'Hermite (1601 † 1655).
En 1821, le peintre et lithographe Hippolyte Lecomte (Puiseaux (Loiret), 27 décembre 1781 † Paris, 25 juillet 1857) le représente dans la planche 28 « Costume de Mondori dans le Rôle d'Hérode | (Comédie Française) (Année 1637) » de la suite de 380 lithographies Costumes civils et militaires de la monarchie française, depuis 1200 jusqu’en 1820. Imprimée à Paris, chez Delpech. Bibl. : Bdf, 29 septembre 1821, n°492 ; Béraldi, vol. 9, p. 74-75, n°2 ; IFF1800 (Françoise Gardey), vol. 13, p. 226-230, n°20.
Paralysé de la langue et du bras droit, suite à une attaque lors d'une représentation du « Cid » en août 1637, il part, fin avril 1638, pour une cure de 6 mois à Bourbon-l'Archambault (Allier) avant de rejoindre Paris sans que son état ne se soit amélioré.
Le comédien Montdory n'était plus que « Guillaume Desgilberts, écuyer, sieur de Montdory, maître d'hôtel ordinaire du Roy ».
Le noble Montdory meurt à Thiers ou à Escoutoux (Puy-de-Dôme) entre le 17 novembre 1653 & le 14 novembre 1654.
* Registre des baptèmes de la paroisse Saint-Genès, année 1594, mois de mars (Archives municipales de Thiers).
** « Montdory, homme cultivé, acteur intelligent... le génie d'acteur est alors pour les Parisiens une révélation » (Pierre Voltz, La Comédie, 472 p., Coll. U., A. Colin, 1964.
Bibliographie :
Élie Cottier, « Le Comédien thiernois Montdory », in L'Auvergne littéraire n° 90, 1937, p. 3-33.
Élie Cottier, Le Comédien auvergnat Montdory, introducteur et interprète de Corneille, 270 p., ill., dessins de Paul Cheyron, Impr. Mont-Louis, 1937.