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Blog d'HABEO Art et Estampes

Réforme liturgique de la messe, par René Prophéte

20 Août 2008 , Rédigé par Hughes Brivet Publié dans #Religion

Compte rendu de la réunion du 12-11-07 du Cercle théologique de Vichy
sur la mise en œuvre de la réforme liturgique de la messe.

Documents nécessaires des n°24 à 57 du PGMR (Préliminaires Généraux du Missel Romain). - Vous trouverez ce dernier texte au début des missels d'autel dans vos paroisses. J'insiste pour commencer sur l'adoption à la quasi-unanimité du Concile de la Constitution sur la liturgie. - Les rapports entre la Curie et le Concile furent difficiles, et Paul VI créa un Consilium (conseil) pour l'application de la réforme liturgique.

1. - Le Consilium prépara 2 livres pour remplacer le missel de Pie V: le missel pour le prêtre (livre appelé "sacramentaire" au temps des manuscrits) et le lectionnaire pour les lectures de la Bible (en français, il y en eut un pour les dimanches et fêtes, et un pour la semaine).
La tradition avait connu un 3è livre, l' "antiphonaire", qui contenait les "antiennes" des Psaumes ; car, dans la tradition romaine on ne chantait que les Psaumes pendant la messe (à l'origine, c'était pour lutter contre l'hérésie arienne). Vatican II autorisa les cantiques; en France, la floraison fut telle que les évêques n'arrivèrent jamais à privilégier durablement un recueil (à la différence d'autres pays).
Et nous passons à l'analyse de quelques points de la réforme de la messe.
2. - 7 rites d'entrée (PGMR n°24). A mon avis, beaucoup trop nombreux. La collecte seule est primitive (comme dans le missel de St Pie V le Vendredi-saint). - Pièce antique grecque, le "Gloria" fut introduit au 6è siècle pour Noël seulement. Il ne se généralisa qu'au 9è s.. - La "confession des péchés" par le peuple est une des rares innovations du missel de Paul VI : dans le missel de Pie V, c'était une préparation pour le prêtre et son servant. Paul VI voulut cette nouveauté pour faire comme les protestants (qui hélas au 16è s., en cette période de décadence liturgique, n'ont pas gardé toujours le meilleur de nos rites). Le rite zaïrois l'a transférée après le Credo (bravo à nos frères d'Afrique noire pour leur sens liturgique et théologique!).
Les Collectes des dimanches étaient des œuvres poétiques latines assez remarquables (le fameux "cursus" des clercs de Rome). Elles sont intraduisibles, comme toute poésie. Les évêques français proposèrent à Rome d'autres textes dans les années 80 (?), mais ils furent refusés par le cardinal Ratzinger, si bien qu'aujourd'hui pas mal de célébrants
3. - Les lectures (PGMR n°34). La tradition avait connu jusqu'à 6 lectures : la Loi, la Sagesse, le Prophète, le Psaume, l'apôtre ou les Actes, l'Évangile. Le Consilium en a conservé 4 : A.T., Psaume, apôtre (ou Actes au temps pascal), Évangile; mais l'A.T. ou l'apôtre peuvent être supprimés, et le Psaume et son refrain changés ; le tout sur 3 ans. L'Évangile est lu par le diacre ou un prêtre, mais pas par le célébrant (sauf s'il est le seul prêtre) ; Augustin avait naguère donné la raison de cette discipline : les leçons de la Bible sont aussi bien pour celui qui prêche que pour les fidèles. Le problème est que la Lecture 1 et le Psaume illustrent l'Évangile lu en continu ; et l'apôtre, lu aussi en continu, est une lecture placée au milieu de l'ensemble précédent, et n'a donc pas de rapport avec ce dernier, d'où la tentation de laisser l'apôtre de côté dans la prédication. Faudrait-il rejeter la lecture de l'apôtre après l'Évangile?
En semaine 2 lectures, chacune en continu. Et l'on peut choisir, ou le Psaume ou l'alléluia.
4. - L'homélie (PGMR n°41-42) est obligatoire le dimanche, recommandée en semaine; apparemment prescription appliquée.
5. - L'offertoire. (PGMR n°49-50). A l'origine, et pendant le premier millénaire en occident, c'est le moment où les fidèles apportent leurs dons pour les pauvres (cf. Justin); quand cessèrent les grandes persécutions (en 313) les sacs et les couffins s'entassèrent, en Gaule dans les sacristies, à Rome autour de l'autel, et les diacres choisirent là le pain et le vin nécessaires pour l'eucharistie. Mais au moyen-âge occidental, l'on vit dans l'offertoire la mémoire de l'offrande du Christ, et l'invitation à faire l'offrande de notre vie; et l'on plaça à cet endroit des prières puisées dans les anciennes liturgies gauloises chassées par Charlemagne. Le missel de Paul VI revint à la perspective antique avec de brèves et belles présentations du pain et du vin inspirées par la tradition juive, mais conserva les prières dites "secrètes" (en latin, le mot veut dire: dons "mis à part"), forgées bien souvent dans la perspective du moyen-âge, et appelées maintenant "prières sur les offrandes". - Pour moi, du bricolage! Ce qui ne justifie en rien la polémique intégriste qui a vu là le refus du "sacrifice"!.
6. - La "Prière eucharistique". A la différence des rites orientaux, l'occident a conservé variable le début de cette prière, que Rome a appelé "Préface", ce qui veut dire "proclamation" (en français, pourquoi ne pas traduire par "louange"?). Dans le rite romain, il y en eut 450 (au rite ambrosien, 600). Nous en avons actuellement plus de 150 ... mais pas toutes dans le missel (voir aussi pontifical, messes de la Vierge, messes du rituel...). Cette mobilité est cependant limitée aux PE I, II et III. Actuellement beaucoup de célébrants inventent cette prière d'entrée. Les collectes proposées par le missel pour les messes diverses sont par contre souvent fort belles et sans problèmes. en France "personnalisent" les préfaces, mais ce n'est pas prévu dans le PGMR.
7. - La paix. PGMR n°56 b ne parle que du geste des fidèles (alors que le prêtre dit auparavant une prière à Jésus), et laisse aux conférences épiscopales le soin de préciser le geste qui convient. Notre Pape est intervenu récemment à ce sujet, car il craint la pagaïe..., ce qui évidemment n'existe pas chez nous!
8. - La fraction du pain. (PGMR n°56 e). Le chant de l'Agnus doit durer autant de temps que dure la fraction, mais l'usage généralisé des petites hosties a hypothéqué ce geste (les très grandes hosties sont chères!). Il y aurait sans doute des progrès à envisager. Et pourquoi la paix à la fin du 3è agnus?
9. La communion. Les prescriptions du PGMR sont peu appliquées.
- il est recommandé que la communion au pain soit donnée avec des hosties consacrées à la messe (PGMR n°56 h). La Constitution conciliaire (n°55) l'avait déjà demandé.
- la procession doit être accompagnée d'un chant chanté par tous, et commencé dès que le prêtre a communié (PGMR n°56 i). S'il n'y a pas de chant, l'antienne doit être dite avant la communion des fidèles.
- le moment de silence n'est pas obligatoire ("si on le juge bon", mais il est valorisé en PGMR n°23), pas plus qu'un chant après la communion qui sera alors hymne, psaume ou louange - PGMR n°56 j -, et non méditation comme je l'ai souvent entendu.
- la communion à la coupe est encouragée, dans les cas prévus (PGMR n°56 h). A ce sujet, échange animé. Comme je l'ai promis à la réunion, vous avez ci-joint la photocopie du texte de nos évêques de 1988 dont parle le compte rendu de la réunion d'octobre. La dernière note de Rome à ce sujet refuse seulement que les fidèles aillent prendre eux-mêmes la coupe sur l'autel, ce qui est parfois le plus commode dans nos petites assemblées.
Voir les autres comptes-rendus en pages "Religion": les dates de la Réforme de la liturgique Romaine,  les Apocryphes, Vision de l'Eglise au Concile de Vatican II.

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